L’agence Tangram a été désignée pour requalifier le Cours Lieutaud, l’un des axes les plus importants de Marseille. Le pôle Paysage de l’agence, en charge du projet, souhaite rendre à cet axe sa vocation réelle de Cours, définie par le dictionnaire, comme «un tronçon d’avenue, planté d’arbres en alignement, et propice à la promenade.»
Au-delà de la simple requalification urbaine, aussi qualitative soit-elle, l’objectif est de faire vivre à nouveau le Cours Lieutaud, de lui restituer ses qualité originelles, de le redynamiser comme un axe majeur du centre-ville, et de le rendre accessible et agréable pour chacun.
Le Cours Lieutaud porte une fonction de lien majeur à l’échelle de la ville : entre le Nord et le Sud, entre l’hypercentre et le centre-ville, entre les quartiers du Cours Julien et de Noailles. Le Cours ne répond plus, aujourd’hui, aux principes qui ont prévalu à sa dernière requalification en 1955, il y a près de 60 ans, lorsque la France, et a fortiori Marseille, développait une stratégie du tout-voiture dans la configuration des espaces publics.
L’analyse historique et morphologique des espaces publics qui a été menée, a mis en lumière les réelles qualités originelles du Cours Lieutaud : de larges trottoirs, propices à la promenade ; un sol pavé, révélateur d’une qualité et d’une forme de richesse dans l’aménagement ; des alignements de platanes, animant l’espace. C’est cette qualité que nous souhaitons restituer au Cours Lieutaud, en interprétant les codes du Cours de XIXème siècle pour les traduire dans un aménagement adapté aux usages du XXIème siècle, afin d’améliorer la qualité de vie des riverains et pour valoriser l’identité commerciale du Cours par un traitement heureux des enseignes et des aires d’exposition commerciale.
Le principe premier du projet est de transformer le Cours Lieutaud en une avenue plantée d’arbres d’alignement, incitant à la promenade et révélant ainsi un axe linéaire agréable à l’échelle de la ville. Cet axe linéaire rencontre, par trois fois, le Cours Julien. Chaque rencontre crée un événement sur cet axe linéaire, une ouverture sur la ville, une variation de l’échelle : l’espace se dilate aux deux carrefours majeurs, ou au contraire, se referme, au niveau des passerelles. Tandis que la construction du Cours Lieutaud, à travers la colline, au travers des remparts, semble avoir formé une rupture entre les quartiers de Noailles et du Cours Julien, dans le projet, ces accroches deviennent une occasion pour faire varier l’aménagement et créer des événements singuliers, favorisant ainsi l’émergence d’une continuité d’espaces publics remarquables.
Le Cours Lieutaud est apaisé par la réduction du profil de voirie, qui permet de partager l’espace de façon plus équitable entre les différents usagers. La répartition des usages sur l’espace public se veut plus juste et plus ordonnée. L’espace gagné sur la voirie est partagé objectivement entre tous les usagers : riverains et commerçants, piétons et cyclistes, motards et automobilistes.
Ensuite, le projet cherche à renforcer l’identité commerciale du Cours Lieutaud. En effet, le Cours est connu dans Marseille pour abriter la plus forte concentration de commerces liés aux deux-roues.
Le projet tend à valoriser cette singularité commerciale en commençant par ordonner l’exposition des deux-roues sur une bande délimitée, dans la stricte longueur de la façade. Le produit est mis en avant et l’identité commerciale du Cours est assurée.
Cette forte représentativité ne doit néanmoins pas éclipser les autres usages présents, ni ceux qui pourraient survenir à la faveur d’une requalification réussie. Le potentiel de dynamisme commercial du Cours Lieutaud a ainsi été pris en compte dans le projet afin de permettre un renouvellement de l’offre commerciale. Nous avons donc conçu le projet dans un souci de réversibilité des espaces publics : les bandes d’exposition commerciales peuvent, sans difficulté, se transformer en terrasse de café…
Enfin, les éléments de patrimoine jalonnant le Cours Lieutaud sont restaurés et mis en valeur. L’escalier Armand Bédarrides, descendant du Cours Julien, est repris : le transformateur est intégré dans la deuxième volée de marche, les maçonneries sont restaurées et habillées d’un parement en opus incertum, un éclairage spécifique est mis en œuvre sur les garde-corps. La charpente métallique de la passerelle de la rue d’Aubagne, ainsi que son garde-corps, seront nettoyés et repeints. Des recherches historiques et stratigraphiques approfondies seront menées afin de connaître la couleur d’origine. La passerelle Estelle, ainsi que l’entrée du métro et le débouché de la rue Estelle font l’objet d’un projet global. L’habillage de la passerelle est redessiné en s’inspirant de la charpente d’origine, légère. La jupe est réalisée en plaques de cuivre perforées tandis que les poutres sont habillées d’un capotage en inox brossé. L’accès au métro est réaménagé afin d’offrir des dimensions plus généreuses et donc plus lisibles : l’imposte (aujourd’hui à 2.30 m) est rehaussé à 3.15 m ; en lieu et place du volet roulant, un portail est redessiné en inox et en cuivre, dans la stricte largeur de la passerelle.
L’ensemble de ces éléments concourent à revaloriser un espace public aujourd’hui largement dégradé, en révélant les qualités intrinsèques du Cours, dans le cadre d’un véritable projet d’usages, où chacun trouve sa place
Maître d’ouvrage : Aix-Marseille Provence Métropole – DGA déléguée aux grandes infrastructures
Maîtrise d’œuvre : Tangram Architectes mandataire ; Artelia Ville et Transport – VRD, circulation, hydraulique ; Philippe Donjerkovic, architecte du patrimoine ; Latérale, concepteur lumière.
Programme : requalification d’espace public
Surface : 1.3 km (26 000 m²)